Fév 012014
 
En Belgique aussi, les couples binationaux sont confrontés aux difficultés administratives et à la suspicion : voici l'histoire de Christelle et Jean-Jacques, qui viennent de lancer une pétition de soutien pour que soit reconnu leur droit de vivre ensemble :
 
 
Je me nomme Christelle et je suis de nationalité camerounaise. J'ai 30 ans et je suis étudiante en Linguistique Appliquée à l'université ukrainienne d'Alfred Nobel.
 
C'est en 2007 au Cameroun que j'ai fait la connaissance de celui qui deviendra mon mari : Jean-Jacques, de nationalité belge. 
C'était en Février 2007 par la magie d'internet et grâce à un ami à lui : Frantz. Rien n'est allé du premier coup, nous avons appris à nous connaître pendant les 4 ans qui ont suivi et ce au travers lettres, d'appels téléphoniques, d'appels vidéo, de mails….Nous avons épuisé tous les moyens de communications possibles à l'époque. Plusieurs fois je l'avoue, il a demandé à me rejoindre au Cameroun et j'ai dis non. J'étais à une période de ma vie où j'étais embourbée dans des problèmes familiaux à l'africaine. Que ne faut-il pas faire pour préserver la personne qu'on aime ! Même si cela inclus de prendre les mauvaises décisions, c'est ce que j'ai fais.
Nous avons vécu 4 ans à distance l'un de l'autre et en 2011, nous avons décidé de nous retrouver en Ukraine, pays neutre.
 
Ma famille a décidé de me laisser enfin vivre ma vie de femme comme je l'entendais et m'a financé mon voyage et mon séjour en Ukraine pendant 1 an. 
Jean Jacques n'as jamais eu à rien dépenser pour moi, mais m'a offert une bague de fiançailles quelques mois avant mon voyage, en Recommandé. 
Nous nous sommes enfin retrouvés en Décembre 2011, un mois après mon arrivée. Notre premier Noël ensemble, pendant lequel nous avons décidé de concrétiser notre union, de la rendre officielle. 
 
Jean Jacques est rentré en Belgique le 09 Janvier 2012 et dès lors,nous nous sommes lancés dans les démarches administratives en vue de notre mariage. Cela a duré 6 mois. Nous avons complaît aux conditions qu'un mariage de personnes n'ayant pas la même nationalité et qui s'unissent dans un pays qui n'est pas le leur exige.
 
Le 06 Juin 2012, nous avons célébré notre mariage en présence d'un officier d'état-civil ukrainien affilié au Ministère de la Justice, d'une interprète, de deux témoins et d'un photographe. L’Acte de Mariage nous a été remis et nous l'avons fait légaliser par le Ministère des Affaires Étrangères d'Ukraine. Il a été spécifié à mon époux de déposer ensuite cet Acte à la mairie de sa commune de résidence pour qu'il soit retranscrit dans le registre d'état-civil. Sitôt dit, sitôt fait. 
Nous avions la reconnaissance de la légitimité de notre couple et l'espoir de voir les choses se régler au plus vite. 
 
l'Acte de mariage bien qu'étant reconnu par la commune a essuyé un refus de transcription. Les raisons invoquées ? : 
 
– Rencontre sur internet (qui n'en fait pas de nos jours????)
 
– Trop grande différence d'age entre les époux (27 ans….. Allez dire çà à Hugh Hefner 96 ans,concepteur du magazine Playboy,qui vient de se fiancer à une midinette de 26 ans)
 
 – Pas «assez» de personnes au mariage (y a t-il une loi qui spécifie le nombre d'invités à un mariage pour que celui-ci soit reconnu comme tel ?)
 
Nous avons tout de suite fait appel de cette décision. C'était il y a 1 an et nous attendons toujours le verdict…Un comble !!!
 
Entre-temps et fatigués d'attendre une décision de Justice qui n'arrivait toujours pas,nous avons fait une demande de Visa en Novembre 2012. Rebelote, une attente de 6 mois pour un refus net et SANS AUCUNE EXPLICATION. Mon mari et moi étions sur le point de succomber au stress et aux insomnies : Surmenage pour moi et 2 semaines assignée dans ma chambre d'étudiante et pour mon mari, une hospitalisation en urgence, car malaises dus au stress et aux soucis d’après le médecin de famille.
 
Depuis notre mariage, nous nous organisons avec peine, mon mari me retrouvant en Ukraine tous les 3 mois.
 
Nous avons déposé une autre demande de Visa, cette fois-ci touristique en Juillet 2013, le temps de laisser l'écart juridique entre le verdict de la première demande et celle de Juillet se faire. Mon mari a pu juger par lui-même de la courtoisie du personnel de l'ambassade de Belgique en Ukraine, à l'égard des couples demandeurs belgo-étranger. Trois semaines plus tard, notre demande était rejetée avec (miracle!!!) une réponse justificative : Suspicion d'immigration clandestine.
 
Bref, voilà ! Nous croyons en nous, maintenant plus que jamais. Si ce n'était pas le cas, nous aurions tout abandonné il y a des années. Mais tout comme mon mari, j'ai traversé des épreuves dans ma vie, j'ai eu à faire à des personnes qui n'ont eu de cesse de me répéter que je n'arriverais à rien, à des personnes qui ont profité de notre confiance pour se payer notre tête. Mais de chaque expérience et échec, on en ressort toujours grandi. 
Même si nous sommes aujourd'hui obligés de composer avec les préjugés, les injustices sociales et raciales, nous n'abandonnerons pas. Nous réclamons le droit d’être heureux et de vivre comme tout couple normal qui se respecte, de passer nos anniversaires ensemble, les fêtes, agrandir notre petite famille, travailler, VIVRE et ne plus jamais dépendre du bon vouloir des uns et des autres.
 
C'est pour toutes ces raisons, que nous continuons à nous battre, de prétendre au Bonheur sans avoir à s'en justifier à chaque pas.
 

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