Jan 122013
 

Marina L. va bientôt pouvoir fêter sa première année de mariage, dans le Calvados. Seule. Cela fait dix mois qu'elle s'efforce en vain de faire venir en France son mari Béchir M; de Zarzis, Tunisie, où elle l'a épousé le 28 janvier 2012, trois ans après leur rencontre.

A bout de forces face à cette séparation « insupportable », le couple a saisi le tribunal administratif de Nantes, qui devait examiner l'affaire le 2 janvier. Heureusement que François Hollande avait promis pendant sa campagne de « permettre à ceux qui sont mariés à une personne étrangère de vivre avec leur conjoint »… Son élection n'a pourtant nullement abrégé le parcours du combattant de Marina et Béchir, qui vaut d'être retracé.

Au début, tout baigne : un mois après le mariage, le livret de famille est délivré le 27 février et Béchir dépose le 29 mars une demande de visa pour conjoint. Le 7 mai, le service des visas du consulat de France appelle Marina et l'interroge sur ses voyages réguliers en Tunisie depuis trois ans, mais lui annonce la délivrance d'un visa sous trois jours… Le 12 juin, demande d'extrait du casier judiciaire, vierge, pourtant déjà dans le dossier. Grâce à l'intervention de la sénatrice de l'Orne Nathalie Goulet, Marina apprend le 27 juin que le consulat vient, en fait, de demander une enquête de police. Deux gendarmes débarquent chez elle à 22 heures le 1er août et la bombardent de questions sur sa valse avec Béchir, si l'on ose dire…

Dans un courriel adressé le 11 septembre à l'association Les Amoureux au ban public, le cabinet de Manuel Valls se fait désormais rassurant: « L'enquête de police est terminée et confirme l'intention matrimoniale. Le visa devrait donc être prochainement délivré. » Ouf? Mais le 22 octobre, coup de fil du consulat. Son visa est refusé à Béchir, qui doit parcourir 500 km jusqu'à Tunis pour apprendre la motivation de ce refus : la procédure civile encore en cours sur la pension alimentaire, après son divorce dûment prononcé en mars 2011. Ce n'est pas une raison suffisante selon la loi française, qui ne prévoit pas de refuser son visa à un conjoint « qu'en cas de fraude, d'annulation du mariage ou de menace à l'ordre public ».

Le couple saisit le 29 octobre la Commission de recours contre les refus de visa, qui ne lui répond même pas, puis le tribunal administratif avant que l'Intérieur ne promette soudain, le 31 décembre, de tout débloquer! Marina déplore : « Les couples mixtes sont systématiquement soupçonnés, soumis au bon vouloir de l'administration, qui traite nos demandes comme si nous n'étions que des statistiques… »

France, terre d'écueil…

D. F.

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