Mai 122013
 

C'EST L'HISTOIRE D'UN MARIAGE ENTRE UNE FRANÇAISE ET UN TUNISIEN QUI VIRE AU CASSE-TÊTE ADMINISTRATIF. C'EST AUSSI L'HISTOIRE DE DEUX AMOUREUX QUI SE BATTENT POUR S'UNIR FACE AUX PRESSIONS DE LEURS PROCHES ET DE LA JUSTICE.

 

Elle est française, lui étudiant tunisien. Ils sont amoureux depuis 2009 et comptaient se marier… Mais ce mariage mixte aurait dérangé un proche de Clotilde qui a dénoncé Abdou, 30 ans, en situation irrégulière. Il se retrouve désormais en centre de rétention depuis le 17 avril, prêt à être renvoyé de France. Le couple qui vit à Toulouse se bat désormais pour "dénoncer les abus de pouvoir" qui, selon eux, mènent la danse dans le dossier depuis le départ.

Le chemin de croix de Clotilde et Abdou commencent en janvier, quand ils se rendent dans leur mairie pour un dossier matrimonial. Leur histoire déplaît à un membre de la famille de la jeune femme qui, explique-t-elle, a fait marcher ses relations. Ce proche n'aurait donc pas hésité à dénoncer Abdou. Après avoir vécu en France avec un visa étudiant de 2002 à 2010, il n'avait pas réussi à obtenir de nouveaux papiers pour poursuivre ses études.

Le mariage blanc écarté, mais toujours en rétention

Là commence la bataille administrative. Le jeune homme est placé en rétention pendant que Clotilde lutte pour le faire libérer. Elle est entendue plusieurs reprises pour connaître les motivations de son mariage. Jusque là, rien d'illégal, mais elle raconte avoir subi des pressions : "Par exemple, après avoir répondu à toutes les questions, la personne qui menait l'entretien me dit que le PV a été effacé et qu'on doit tout recommencer à zéro. C'est de l'acharnement."

Abdou se retrouve de son côté sur la liste d'un avion prêt à partir en Tunisie du jour au lendemain. Il peut finalement rester en rétention en France et être entendu, une seule fois, sur leur mariage. La décision est rendue cinq minutes après son entretien. Verdict : l’avis est favorable. Les bans sont même publiés en mairie. Pour autant, la Police aux Frontières garde le jeune homme afin de "vérifier sa situation administrative". Le problème du mariage blanc écarté, cette rétention n'est donc plus justifiée pour le couple et ses avocats.

"Toi, tu vas quitter la France et tu vas la quitter menotté"

Ce samedi, Abdou était entendu par le Tribunal de Grande Instance. "Cette audition lui a permis de raconter son histoire même si le tribunal s'attache simplement aux faits", raconte Clotilde. Mais la jeune femme de 28 ans a été effarée par l'attitude d'un représentant de l'autre partie. Elle raconte qu'une fois le juge sorti pour prendre sa décision, la personne de la préfecture a regardé Abdou et lui aurait dit : "Toi, tu vas quitter la France, et tu vas la quitter menotté", en mimant des mains attachées. "Cet acharnement va trop loin", poursuit Clotilde.

"Le procureur de la République n'a notifié aucune opposition au mariage dans le délai légal de 15 jours qui a suivi la saisine du parquet. Nous sommes face à une volonté manifeste de faire obstacle à un mariage alors que l'administration doit justement garantir le droit de se marier, et enfin, Abdou a été interpellé sous le faux prétexte du mariage", défend dans la Dépêche du Midi un membre de la Cimade, une association qui vient en aide aux personnes sans-papiers.

Plus de 5000 signatures sur la pétition en ligne

Le jeune homme devrait de sortir de détention dans 20 jours, selon la loi. A ce moment-là, il aura une semaine pour quitter le territoire. Mais Abdou veut finir son année d'étude et ses examens ont lieu en juin . "On s'en ira après s'il le faut", lance Clotilde, désabusée. Mais avec son caractère bien trempé, elle ne compte pas baisser les bras. Leur espoir repose également sur une pétition signée par plus de 5000 personnes et hébergée sur le site de l’association Les amoureux au ban public, qui défend les couples mixtes. Mais aussi sur l’action des ministères des affaires étrangères des deux pays qui ont été sollicités et qui ont affirmé s’occuper du dossier…

Clotilde et Abdou ne veulent pas s'arrêter là et comptent se faire entendre afin de dénoncer les trop nombreuses irrégularités dans la procédure : "Je suis écoeurée du système. C'est un cauchemar", livre la jeune femme, accablée, mais toujours combative. "Quoiqu'il arrive, on va se marier. On a essayé de me décourager. Mais les sentiments sont authentiques. Sans amour, de toute façon, je ne sais pas comment j'aurais tenu le coup."

 

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