Mai 092013
 

Un jeune ressortissant tunisien est menacé d'expulsion alors qu'il devait se marier, sa compagne dénonce des pressions exercées à son encontre.

C'est le remake administratif de «Devine qui vient dîner». Sauf que dans la version toulousaine du célèbre film de Stanley Kramer, le prétendant noir est tunisien, et les états d'âme de la belle-famille sont confortés par l'intervention du parquet de la préfecture et de la police aux frontières (PAF). Pour le reste rien n'a vraiment changé depuis 1968. Abdou, et Clotilde se connaissent depuis quatre ans et décident de se marier. Mais l'entourage de la jeune femme n'est pas d'accord. Et comme il dispose de suffisamment de relations un proche saisit le procureur de la République. La machine infernale est lancée.

Le 23 janvier les bans sont publiés. Six jours plus tard le parquet est saisi. Et le 17 avril Abdou est convoqué à la PAF pour évoquer «dossier de mariage et situation administrative». Sur les motivations du mariage qui n'ont fait l'objet d'aucune mesure de sursis ou d'opposition de la part du parquet, les doutes sont rapidement levés.

Mais une fois dans les locaux de la PAF, Abdou qui a été officiellement étudiant en France entre 2002 et 2010, mais dont le titre de séjour n'a pas été renouvelé depuis est interpellé. Deux heures plus tard la préfecture transmet aux policiers une obligation à quitter le territoire et Abdou est placé en centre de rétention. Pour le Cimade qui suit de près ce dossier «des amoureux au ban public», la procédure est entachée d'au moins trois irrégularités : «d'abord parce que le procureur de la République n'a notifié aucune opposition au mariage dans le délai légal de 15 jours qui a suivi la saisine du parquet. Ensuite parce que nous sommes face à une volonté manifeste de faire obstacle à un mariage alors que l'administration doit justement garantir le droit de se marier, et enfin parce qu'Abdou a été interpellé sous le faux prétexte du mariage».

Le procureur en charge du dossier se refuse à tout commentaire sur la question du délai soulevé par la Cimade. Mais précise qu'il «n'est pas responsable de la situation irrégulière d'Abdou» et qu'il attend de prendre connaissance de l'enquête dont il a «demandé plusieurs fois le retour à la police pour se faire une opinion». Des explications que Clotilde a du mal à entendre car dit-elle, «depuis février j'ai envoyé deux lettres recommandées au parquet pour obtenir des nouvelles du dossier sans obtenir de réponse.Et le brigadier de la PAF chargé de l'enquête m'a clairement dit qu'il subit des pressions pour expulser Abdou.»

Les leviers mis en branle par les proches de Clotilde pour s'opposer au mariage seraient-ils à l'origine de ces poursuites à double détente dans lesquelles la loi sur les étrangers vole opportunément au secours d'une enquête matrimoniale inopérante pour faire échec à la volonté des deux amoureux ? Telles sont les craintes de Clotilde.

 

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