Nov 232012
 

Michaële Itsede, de nationalité gabonaise et mère d’une petite fille née à Castres il y a quatre ans, dénonce sa situation administrative complexe. Qu’elle estime bancale et profondément injuste.

Discours structuré, ton posé, Michaële Itsede détaille ce qu’elle dénonce comme une injustice administrative. «Je suis Gabonaise et maman d’une petite fille française, née à Castres, qui aura bientôt 4 ans. Mais je ne dispose que d’un visa visiteur qui expirera le 20 août. Ce n’est pas normal.» Sauf évolution de statut, Michaële, arrivée à Castres en juillet 2008, se retrouvera dans neuf mois à 8000km de son enfant. Pourtant, depuis l’épilogue d’une conflictuelle procédure de divorce -à l’amiable- avec le père, prononcée le 20 septembre 2011, soit quatre ans après le mariage célébré au Gabon, elle avait la garde de sa fille. «Seulement, j’ai dû aller au Gabon, suite au décès d’un grand-parent. Je souhaitais que ma fille en profite pour connaître sa famille. On devait partir du 3 février au 3 mars. J’ai prévenu l’avocat du père par courrier et je suis allée à la préfecture vérifier que je pouvais voyager avec un récépissé de renouvellement de titre de séjour. On m’a indiqué que j’étais en règle.»

Mais à Blagnac, l’embarquement est refusé à l’enfant. Le père, milaire de carrière, qui avait sollicité, la veille, une révision de l’autorité parentale auprès du juge des affaires familiales ; ayant fait intervenir son droit d’opposition. «A l’aéroport, Madame Itsede a alors confié l’enfant à une amie. Pas n’importe qui, la nounou du couple avant la séparation, relate maître De Boyer Montegut, son avocat. Employée dans un salon de coiffure, elle n’avait pas des revenus exorbitants au point de perdre le billet d’avion. Et allait à des obsèques…»

Un mois plus tard, à Douala, Michaële essuie le refus de la police camerounaise, à l’heure d’embarquer pour rentrer. «Alors que son récépissé était valable», précise l’avocat. Bloquée au Cameroun, elle sollicite un visa de long séjour, refusé par le consulat de France… le 9 août. «Un refus suscité par l’avis de la préfecture du Tarn, c’est écrit noir sur blanc», souligne maître De Boyer Montegut. «La préfecture a violé les textes, en accord avec le consulat, appuyant son avis sur l’argument selon lequel elle ne subvenait pas aux besoins de l’enfant… Elle en avait la garde!», s’offusque Cécile Ndoutoum, présidente de La Maison du Gabon, association toulousaine qui aide Michaële à obtenir un visa retour, via le ministère des Affaires étang ères gabonaises.

Après de longues démarches, le 11 septembre, elle rentre à Castres. «Mais son visa lui interdit de travailler et donc de solliciter une révision du jugement pour la garde de sa fille», indique maître De Boyer Montegut. Car le 10 août, Michaële a perdu la garde. «L’administration a eu une approche exclusivement à charge, s’alignant sur les dires du père», plaide l’avocat. Cécile Ndoutoum évoque «un rapt administratif d’enfant, une conspiration avec complicité de l’administration.» Contactée, la préfecture a refusé de s’exprimer, indiquant qu’un «contentieux est en cours au tribunal administratif.» Il s’agit d’une requête déposée le 24 octobre par maître De Boyer Montegut, qui demande la révision du statut. Sans suite pour l’instant. Michaële, 25 ans,s’exaspère en résumant sa problématique : «Je suis restée sept mois totalement bloquée en Afrique sans raison et sans voir ma fille. J’en ai perdu sa garde et mon appartement. Endettée, je vis chez des amis, interdite de travailler. Ma situation est inhumaine.»

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 Publié par le 23 novembre 2012

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